Âme de sorcière by Odile CHABRILLAC

Âme de sorcière by Odile CHABRILLAC

Auteur:Odile CHABRILLAC [Chabrillac, Odile]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Solar
Publié: 2017-08-15T00:00:00+00:00


Des remèdes… diaboliques ?

Les plus pauvres avaient peu de recours face à la misère et à la maladie. L’Église leur enjoignait alors de se tourner vers le dogme, affirmant que l’expérience de ce monde est éphémère et sans importance, même si elle ne s’opposait pas aux soins médicaux donnés aux classes dirigeantes – ceux-ci étant d’ailleurs pratiqués par des hommes médecins (de formation universitaire) et parfois même des prêtres. Le problème était probablement celui du contrôle : les soins effectués par des hommes sous les auspices de l’Église étaient acceptables… mais pas ceux donnés par des femmes à des paysans. L’Église considérait cette lutte contre les soignant(e)s de la paysannerie comme une lutte contre la magie, non contre la médecine. Sa conviction était que le diable avait un pouvoir réel sur la terre, et l’utilisation d’un tel pouvoir par des femmes – pour le bien ou le mal – l’effrayait : plus leurs pouvoirs semblaient importants, moins elles étaient dépendantes de Dieu et de l’Église. Les remèdes magiques, même efficaces, semblaient donc constituer une interférence insupportable avec la volonté de Dieu, et la guérison elle-même était alors mauvaise. Pas de doute, le Seigneur se manifestait nécessairement par les prêtres et les médecins, et le diable par l’intermédiaire des paysannes porteuses de secrets que l’Église ne maîtrisait pas.

Il est vrai qu’elles connaissaient une foule de remèdes éprouvés par des années d’usage (et dont beaucoup ont aujourd’hui fait la preuve de leur réelle efficacité) : digestifs, antidouleur, anti-inflammatoires… Par exemple, l’ergot de seigle était utilisé contre les douleurs de l’enfantement7, et certains de ses dérivés le sont encore pour lutter contre les crises migraineuses. Elles connaissaient les vertus de la belladone – une herbacée employée aujourd’hui comme antispasmodique – pour arrêter les contractions lors des fausses couches. Mais le fait même que leurs connaissances soient empiriques était un problème : elles se fiaient plus à leurs sens qu’à la foi ou la doctrine, croyant à l’essai et à l’erreur, à la cause et à l’effet. Leur attitude n’était pas passive mais recherche active. Par contraste, l’Église était profondément anti-empirique : elle refusait toute valeur au monde matériel et se méfiait plus que tout des sens, qui étaient pour elle le terrain de jeu du diable. Difficile, donc, de concilier des positions si contraires.



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